Deux jeunes hommes dans ces couloirs ? Bien sûr que je m'en souviens ! Une odeur très appétissante sortait de l'un deux ! J'étais en train d'échapper à une vulgaire chauve-souris quand un effluve de sang jaillit de derrière les fagots. La chauve-souris a eu peur des cris qui venaient de ce même lieu, c'était un jeu d'enfant de lui échapper.
 

Ils faisaient des bruits stridents, mais le son m'importait peu, ce que je voyais moi, c'était que l'un d'entre eux se faisait traîner par l'autre car sa jambe était à moitié mangée ou broyée. Qu'il était bon de voir toutes ces odeurs rassemblées au même endroit. Et je n'étais pas la seule mouche ici, c'était un peu comme un rassemblement pour nous.

 

Je les ai suivis jusqu'à un lieu chaud et rempli de tentes : les odeurs là aussi fusaient de toute part : c'était une bonne odeur. Les cris ne cessaient pas. En retrouvant deux autres qui semblaient être leurs amis,  ils se lançaient des "Trouve-moi de quoi le soigner !", des "Il est de plus en plus blanc aide-moi !" ou encore des "Mais comment ça a pu arriver ?"

Pendant que deux d'entre eux s'activaient autour de ce qu'il restait de la jambe du premier, celui qui l'avait ramené débitait à toute vitesse la succession des évènements. Très honnêtement, je n'ai pas tout compris, il parlait tellement vite mais je crois qu'il était question d'une porte à droite, de machine rouillée dont j'ai cru comprendre que c'est l'une des roues qui a provoqué ce carnage. A l'inverse, le pauvre homme lui ne disait plus rien de sensé, des sons rauques puis aigus : on n'en discernait rien.
 

J'observais ça en attendant que mon repas soit servi, mais un écho du plus profond de ce couloir commença à résonner en nous. Un Grognement profond qui me hérissa les quelques poils que j'ai sur ma caboche. De leur côté, les trois autres compères étaient devenus plus blancs qu'ils ne l'étaient déjà :

- "Tu l'as entendu toi aussi ? Je ne suis pas fou n'est-ce pas ?

- Oui, j'ai entendu.

- Ça peut être quoi ce bordel ? Réponds-moi !"
 

Ces trois pauvres étudiants ne se sont pas rendus compte tout de suite que leur pauvre ami avait déjà rendu l'âme ; ce cri l'avait sûrement achevé. En même temps, il ne lui restait plus de jambe pour tenir debout, au moins ça me facilite le travail ! Il n'y avait jamais autant eu d'odeurs : le fer du sang mêlé aux herbes des couloirs, c'était un régal. Nous étions tous de fins gourmets ce soir-là.
 

J'ai perdu leur trace à cet instant, mais je crois bien qu'ils ont décidé de changer de lieu le lendemain. Ils nous ont laissé leur ami, je les remercie.